Dans son célèbre thread épinglé sur X, Naval définit ce qu’est une compétence réelle: C’est ce que je ressens au quotidien dans mon activité. C’est comme un jeu. C’est pour cela que je continue à pratiquer, jour après jour, sans douter, sans me questionner. Je creuse, je sème, je plante, je récolte, je livre, je vends. Je reçois souvent un signal de la part du monde qui m’entoure qui me dit que je devrais faire quelque chose d’autre. Quand je surprends au vol le compte bancaire bien rempli d’un de mes clients. Quand je vois un article sur la ferme idéale et parfaite. Quand les institutions refusent de me prendre au sérieux. Cela me touche, mais au fond, je m’en tape. Ce que je fais est comme un jeu pour moi et comme du travail pour les autres, et donc, j’apprends. Qu’est-ce qui est un jeu pour toi et un travail pour les autres ? Qu’est-ce que tu apprends ? |
Est-ce que tu es un psychopate ?
Notre esprit nous joue des tours.
Par le passé, j’ai connu cette détresse de n’être sûr de rien, pas même de moi-même.
J’avais des problèmes au travail, et je n’étais pas sûr de ne pas les créer moi-même.
J’avais des problèmes relationnels et je n’étais pas sûr de ne pas les causer moi-même.
J’étais effrayé, tantôt par mon manque de sentiments, tantôt par leur ampleur.
J’étais perdu dans un monde relatif, virtuel, impalpable, psychologique.
Comment savoir qui nous sommes vraiment ?
J’ai trouvé la réponse à cette question:
Travailler. Travailler avec ses mains, contre la nature.
Un autre être humain, il se peut toujours que nous le manipulions. Il ne nous dit pas tout. Par malveillance ou par bienveillance, sans même le savoir, nous lui mentons, il nous ment. Notre esprit est loin d’être fiable.
Ce qu’il nous faut, c’est un ami qui ne nous ment jamais. Un ami solide comme le roc, qui ne dira jamais que la réalité la plus dure mais aussi la plus pure. Pour moi, cet ami, c’est le travail, c’est la terre, c’est l’outil, c’est la plante.
J’ai tenu tête à la nature. Ce n’était pas facile. J’ai sué et souffert. Mes mains s’en souviennent, mais c’est mon âme qui porte les plus grandes cicatrices.
J’ai creusé un trou. J’ai retourné un jardin. J’ai planté des arbres qui sont morts. Des sangliers ont dévasté mes cultures. Le motoculteur n’a pas voulu démarrer. J’ai porté des tonnes d’eau.
Aujourd’hui, il y a mille questions que je n’ai plus besoin de me poser. Je sais qui je suis. Je sais qui je ne suis pas. Je peux avancer d’un pas régulier et confiant vers le futur.
Si on ne fait que travailler avec ses mains, on devient une brute. Mais si on ne travaille qu’avec sa tête, on en devient l’esclave.
Préparer la saison 2024
C’est la fin de l’hiver et la saison est aux préparatifs. C’est un processus important et j’avais donc envie de le partager avec vous. Voici donc la liste des grands projets et des choses à faire pour que la saison 2024 soit extraordinaire.
Résoudre les problèmes en cours
Le plus grand problème, c’est la pourriture des micro-pousses de tournesol qui empêche à la production d’atteindre son niveau normal. J’ai déjà essayé beaucoup de choses pour résoudre ce problème. Je vais continuer en changeant toutes les étagères de la serre, en testant de nouvelles graines, en ajoutant un extracteur d’air pour que celui-ci se renouvelle.
Un autre problème, c’est le transport de compost. Je veux ajouter une couche de 3cm de compost à mon jardin de 400m2. Cela fait 12m2 de compost à transporter, et je ne peux que transporter 0,8m3 par trajet avec ma remorque. Il me faut au moins une heure par trajet. Cela fait au moins 15h de travail. Si je n’avais pas le problème des pousses de tournesol, j’aurais ce temps, mais pour l’instant il me manque. Une autre solution serait de me procurer une remorque plus grande, par exemple une vieille remorque agricole, et de la déplacer avec ma Kangoo. Dans ce cas, je pourrais le faire en 5 trajets. Mais il faudrait que je me trimballe cette vieille remorque, et cela risque d’allonger le temps de transport. De plus, ce n’est pas très clairement légal… Alors finalement, peut-être que l’idéal serait d’acheter neuve une remorque de 750kg de ptac, qui me permettrait de transporter environ 1,3m3 (en poussant un peu), et je pourrais alors m’en tirer avec 9 aller retour… Et si je demande de l’aide, je pourrais, avec les deux remorques, m’en tirer en une journée. C’est probablement la meilleure solution, d’autant plus que ma vieille remorque commence à rendre l’âme, et qu’il m’en faudra bientôt une autre.
La saison idéale
Cette saison, j’aimerais redresser la production des micro-pousses, atteindre une bonne fertilité au jardin pour produire abondamment des légumes et des fleurs, proposer un projet agricole de plus grande ampleur à la ville de Strasbourg, et documenter mon travail dans ma newsletter et sur ma chaine youtube.
Atteindre une bonne fertilité au jardin
Pour atteindre celle-ci, je compte ajouter des fertilisants d’origine animale, au début du mois de mars. Guano, phosphore, potassium. Je cherche à en apprendre plus pour raisonner des apports de calcium, magnésium et soufre. Une analyse de ces éléments dans mon sol et dans le compost pourrait être judicieuse.
Produire des légumes et des fleurs
J’aimerais me concentrer sur les fleurs les plus belles et les plus rentables, avec également un volet fleurs séchées plus important. J’aimerais produire des légumes que je maitrise déjà: Carottes, navets blancs, oignons Ishakura, betteraves, ainsi que d’autres, pour apprendre: Tomates, concombres, laitues, épinard, mâche. Pour réussir ma saison, je dois installer une serre et la mettre hors-gel. Je pourrai alors y faire pousser mes plants et les sauver des derniers gels de le l’hiver. Si tout va bien, j’en aurai trop et je pourrai en vendre. J’espère réussir à écouler ma production chez les restaurants et à un stand, dans mon quartier.
Proposer un projet agricole de plus grande ampleur à la ville de Strasbourg
Derrière ma maison, et donc derrière la production de micro-pousses, il y a des terres agricoles. Pour l’instant, elles sont destinées à être construites, mais je compte proposer un projet agricole à la mairie de Strasbourg. Je pense qu’il y a une chance pour que ce projet l’intéresse. Par contre, l’espace est grand, je vais devoir changer d’échelle. Je compte développer un projet d’agroforesterie, d’élevage régénératif et de production de légumes et de fleurs. J’espère obtenir le soutien du quartier pour ce projet, et je cherche des moyens pour le mettre dans ma poche. Plus à venir.
Documenter mon travail dans ma newsletter et sur ma chaine YouTube
La chaine YouTube commence à exister. Je développe mes compétences en storytelling. J’espère que je saurai y partager mon aventure pour qu’elle suscite l’intérêt et l’enthousiasme de la plate-forme. Je rêve de lancer un podcast et d’interviewer les chefs avec lesquels je travaille. C’est encore un projet en plus et je ne sais pas si je pourrai le mettre en route.
Quel bonheur d’avoir plein de projets pour 2024
Et ce n’est que le volet professionnel ! Nous verrons l’année prochaine ce que j’aurai pu réaliser.
La banlieue c’est glauque
J’ai grandi en banlieue dortoir. Pour faire des courses, pour les loisirs, on allait soit en ville, soit au centre commercial. Quand j’étais ado, on ne pouvait pas toujours y aller, alors on se retrouvait entre potes, dans des coins, sur des bancs, dans des parcs de jeux pour enfants, entre deux immeubles. C’était glauque.
Aujourd’hui, après un passage au centre-ville et un passage à la campagne, je suis de retour en banlieue. J’y ai acheté ma maison. J’y vis avec ma femme et mes deux enfants. Cela n’a pas changé. On y sent encore cette atmosphère: Chacun chez soi, tourné vers le centre-ville et le centre-commercial. Il y a peu de rencontres et il y a peu d’échanges.
Mais les choses changent. Maintenant, je travaille chez moi. Je produis mes pousses, mes fleurs, mes légumes, chez moi, en banlieue. Quand je ne travaille pas, je regarde autour de moi, je regarde les gens passer. Je vois que nous sommes de plus en plus nombreux à travailler là, chez nous.
Et chez nous, je me lance dans un grand projet. Au cœur du quartier, il y a huit hectares de champs, et ceux-ci sont voués, à long ou à moyen terme, à être urbanisés. Moi, je propose d’y installer une ferme polyculturelle: Des arbres, des légumes, des fleurs, de l’élevage.
Avant, la banlieue, c’était nul, ça ne servait à rien d’autre qu’à dormir. Quoi de moins cool de la banlieue ? Mais maintenant, ça va changer. La banlieue va se construire autrement au 21ème siècle. Il n’y a pas de raison qu’elle soit juste un ensemble d’habitations. Elle sera aussi lieu de travail, lieu de rencontre, lieu de culture, et lieu d’agriculture.
Mes enfants vont grandir en banlieue, comme moi. Quand ils seront ados, je veux qu’ils retrouvent leurs potes au café du coin, dans une salle de concert, sur une place fréquentée, à deux pas de chez eux. Je veux aussi qu’ils y travaillent : chez le voisin fleuriste, chez le community manager, chez le boulanger, chez le data scientist, chez le jardinier.
Cette banlieue, je veux qu’elle soit un carrefour de rencontres, d’opportunités, de cultures.
Cette banlieue, je veux qu’elle soit moins dense et qu’elle soit complète. Je veux qu’on puisse y faire ses courses, son sport, aller voir son concert, son expo, boire un verre, danser, prier, manger, et surtout, je veux qu’on puisse aller y chercher ses fruits, ses fleurs, ses légumes, en direct du maraicher. La banlieue n’a pas dit son dernier mot.
Les fourmis
Depuis quelques mois, les micro-pousses donnent de moins en moins. J’ai beau faire la même chose, je n’ai rien changé, et pourtant, une pourriture discrète envahit chaque plateau de tournesol, et il faut que j’en jette, à chaque récolte, de plus en plus. A ce rythme là, je ne gagnerai bientôt plus ma vie. Si ce problème persiste, je devrai arrêter.
alors j’ai cherché une solution. J’ai tout essayé. J’ai changé les déshumidificateurs, j’ai arrosé plus, j’ai arrosé moins, j’ai changé les graines, j’ai changé le substrat. J’ai changé les ventilateurs. J’ai ajouté de la lumière. Rien n’a changé. J’ai mesuré l’humidité, la concentration en CO2 dans l’air, les lumens. Finalement, la semaine dernière, j’ai refait toutes les étagères en bois à neuf.
Chez les êtres humains, une bonne condition dépend de deux choses: une bonne santé, et l’absence de parasite. Si vous êtes en bonne santé, que vous mangez bien, que vous dormez assez, que vous faites du sport, vous aurez moins de parasites, mais si vous tombez sur le mauvais parasite, vous pourrez faire ce que vous voudrez, vous serez en mauvaise santé.
Chez les plantes, c’est pareil. Je trouve que c’est un domaine ou l’on néglige la santé au profit de la lutte contre les parasites. Dans les livres de jardinage, on trouve beaucoup d’astuces pour préparer telle ou telle potion, purin, préparation, remède, censé avoir des vertus ou éloigner les parasites. Pourtant, comme chez nous, il serait beaucoup plus efficace de chercher à améliorer la santé des plantes en les nourrissant mieux.. C’est une chose que les vrais jardiniers connaissent bien, parce qu’ils ont tous été témoin d’une situation ou une plante en bonne santé est négligée par les limaces et les pucerons, tandis que celles alentours, en mauvaise santé, vont se faire attaquer.
J’ai cette philosophie avec mes micro-pousses. Je me suis souvent rendu compte que si elles sont dans de bonnes conditions, elles ne sont embêtées par aucun parasite. Je me suis donc concentré sur ces conditions. Et c’est pour cela que je ne me suis pas aperçu que le vrai problème, c’étaient les fourmis.
Le bois, dans la serre, prend assez rapidement sa teinte brune d’un vieux bois. C’est un environnement intense, plein de lumière, de chaleur, d’eau. Quand j’ai changé les étagères, la semaine dernière, les planches étaient de sapin tout neuf, et presque blanc. Elles me sont donc apparues, noires sur blanc.: Les fourmis ! Elles ne sont pas nombreuses (une cinquantaine, peut-être moins), mais elles se promènent, et elles sont industrieuses. Jour et nuit, elles passent de pousse en pousse, elles grignotent, elles découpent, elles abîment.
Je m’étais trop concentré sur les conditions, et j’avais oublié de surveiller les parasites. Oui, certains sont plus forts que la santé. Les rongeurs, les fourmis. J’ai fabriqué des étagères spéciales anti-fourmis. Je vais les affamer, et je pourrai alors à nouveau vous nourrir correctement !
Tu n’oses pas ?
Je sais que c’est difficile d’oser faire un pas de côté. Le monde te regarde. Le monde te juge. Qu’en pensera ta famille ? Qu’en penseront tes amis ? Qu’en pensera la société ? Qu’en penseront tes collègues ? Et si j’échoue ? Et si on se moque ?
Quand on plante une graine, on prend le risque qu’elle ne germe pas. Quand on plante un arbre, on prend le risque de le voir dépérir.
J’étais comme cela avant, moi aussi. Mes journées étaient pleines du petit reproche de mon inaction. J’aurais aimé avoir dit cela à mon père, j’aurais dû faire cette blague à mes collègues à la machine à café, j’aurais dû m’opposer à mon patron, j’aurais dû aider cette vieille dame à réparer son vélo dans la rue, j’aurais dû dire à tel ami que je n’ai plus envie de le voir, j’aurais dû prendre le temps de préparer mon jardin au lieu de scroller sur Instagram, j’aurais dû démarcher des clients potentiels plutôt que de faire des heures sup à ce boulot que je n’aime pas.
Je connais bien cet état d’âme. En fait, il m’arrive encore de m’y perdre. Ce sont des moments où tout me semble impossible, et ce que j’ai su faire sur le point de s’écrouler. Ce sont ces journées où je devrais résoudre mille problèmes et où je n’en résous aucun.
Pourtant, je me considère comme quelqu’un d’accompli et de courageux. Il est très rare que je n’ose pas faire quelque chose que j’ai envie de faire (en fait, je me retrouve même parfois dans des situations embarrassantes parce que je suis trop désinhibé !). J’ai créé mon entreprise, j’ai trouvé mes clients, je gagne bien ma vie en ayant créé mon propre gagne pain. Je suis débrouillard et j’ose chercher des clients, trouver des solutions originales à mes problèmes, prendre des risques. En plus, je travaille beaucoup et très vite.
Alors comment cela se fait-il que moi aussi je me retrouve dans cette mélancolie, ce regret permanent, cet état d’esprit négatif que j’ai décrit plus haut ?
La réponse ne plaira peut-être pas à tout le monde, sans doute parce qu’elle est simple: Il faut avoir un quotidien plus sain.
Que l’on ne fasse rien de productif de ses journées, que l’on soit trouillard ou téméraire, que l’on soit inarrêtable ou un procrastinateur professionnel, cela ne change rien. Si on a pas un quotidien sain, on se sentira toujours mal dans sa peau.
Alors fais ceci: Couche-toi plus tôt, bois moins d’alcool, fais du sport plus souvent.
Tu peux jeter tes livres de développement personnel. Tu peux te désinscrire de tes chaînes YouTube d’organisation et de motivation.
Couche-toi plus tôt, bois moins d’alcool, fais du sport plus souvent. Ton jardin s’épanouira.
Réaliser son plein potentiel
Avant, j’étais maigrelet, j’étais triste, j’étais fatigué et j’étais pauvre. J’exploitais peu mon potentiel. J’étais comme un grand pommier dont personne ne venait cueillir les fruits.
J’ai changé. Un jour, j’étais au fond du gouffre. J’avais le choix entre rester au fond ou prendre appui et remonter à la surface. Je suis remonté.
Aujourd’hui, je suis fort, je suis heureux, je suis en forme et je suis prospère. Je sens que je mets à profit chaque jour qui se passe. Je suis comme un grand pommier dont on récolte les fruits pour nourrir une famille entière.
Depuis que j’ai vécu cette transformation, je vois le monde autrement. Je ne vois plus les choses comme elles sont, je les vois comme elles devraient ou pourraient être. Je vois leur potentiel.
Quand je regarde une forêt trop artificielle, je vois la beauté, la biodiversité, le puits de carbone, la fortune qu’elle pourrait générer si elle était plus sauvage et plus diverse en essences.
Quand je regarde une ferme trop grande, je vois le goût, les couleurs, le terroir et la fortune qu’elle pourrait générer si elle se concentrait sur moins de production et plus de qualité.
Quand je regarde une ville trop régulée, je vois les entreprises, les personnalités, les monuments, la fortune qu’elle pourrait générer si elle laissait ses habitants vivre et créer à leur guise.
Quand je regarde un être humain déprimé, je vois les rêves, les projets, les œuvres, la fortune qu’il pourrait générer si on lui donnait l’espoir et la responsabilité.
Vous ne vous imaginez peut-être pas ce qui se cache derrière ce mot: Potentiel. Dans chaque gramme de matière, il y a assez d’énergie pour alimenter une grande capitale pendant un an. Dans chaque graine, il y a de quoi faire des millions de graines. Dans chaque champ, il y a de quoi nourrir une armée. Dans chaque homme, il y a de quoi changer le monde.
Je vous souhaite de réaliser votre plein potentiel. Je me le souhaite à moi aussi. Quand l’ancien moi regarde le nouveau moi, il est impressionné. Il lui semble que j’ai atteint des sommets inaccessibles. Pourtant, je sais moi que je ne suis pas au bout, et loin de là. Je regarderai un jour mon moi d’aujourd’hui avec amusement, en voyant comme je suis allé plus loin que j’aurais pu l’imaginer.
Vous êtes plus que ce que vous pouvez imaginer. Vous êtes immense. Ne passez pas à côté de vous même.
Voeux 2024
En 2023, je suis reconnaissant pour le succès de mes micro-pousses et de mes fleurs à couper. Je suis reconnaissant pour les nouvelles émotions que j’ai découvert, qui se cachaient en moi comme des trésors inestimables: Le sentiment de puissance, et la juste colère. Les meilleurs fruits qui poussent dans le jardin ne sont pas toujours ceux que l’on pense.
En 2024, je nous souhaite beaucoup de fertilité, des récoltes abondantes, et le courage de montrer au monde qui nous sommes vraiment.
La fertilité irrégulière de l’audience
La semaine dernière, j’ai lancé ma chaîne YouTube. Mon projet consiste à y publier des vidéos courtes, des shorts, pour partager mon quotidien et gagner de l’audience, et des documents audios longs, des cours, destinés à une audience motivée, qui veut apprendre.
Les premiers jours ont été enthousiasmants. J’ai eu presque trois mille vues sur mes premières vidéos ; beaucoup de commentaires ; presque cinquante abonnés.
J’étais fier et confiant. Il me semblait que j’avais compris comment le système YouTube fonctionnait, que j’étais capable de créer des contenus à succès, et que ma présence sur ce réseau allait être exponentielle. Je me voyais déjà influencer l’agriculture urbaine mondiale grâce à mon opinion numérique. Je me voyais déjà former la nouvelle génération de micro-agriculteurs qui allaient changer ce que le mot paysan veut dire.
Et puis le flop est arrivé. Mes vidéos sont passées de deux mille vues à cent vues. Pourtant, je n’ai rien changé. Je n’y ai rien compris. J’étais déçu. Mes projets, mes illusions, se sont effondrés.
Cela m’a fait penser à mon jardin. Parfois, les choses y poussent, et l’on se sent puissant, maître de son destin, en contrôle. Et le lendemain, les feuilles se fanent, les tiges sont envahies de pucerons, les racines pourrissent. La récolte est perdue. On ne sait pas plus pourquoi cela poussait que pourquoi cela s’est arrêté. Du moins, quand on débute.
Parce que c’est le propre des débutants d’être sujet aux aléas du destins sans pouvoir les contrôler. Quand on apprend, quand on grandit, les choses changent. Il peut toujours arriver que la nature reprenne ses droits et que plus rien ne pousse sans que l’on ne sache pourquoi, mais cela arrive de moins en moins souvent quand la compétence grandit, et cela devient finalement anecdotique. Avec la connaissance, vient le contrôle.
Je dois continuer à planter des vidéos sur YouTube. Pourquoi ces écarts de résultats ? Est-ce que le succès de mon début était juste et la chute qui a suivi qui était anormale ? Était-ce le contraire ? Personne ne le sait et personne ne le saura jamais. La seule chose qui importe, c’est de continuer à apprendre.
Avec le savoir vient l’intelligence de se réjouir modestement des récoltes abondantes, et de relativiser les maigres récoltes. Si je persévère, les hauts seront plus hauts, et les bas le seront aussi.
J’ai échoué
La semaine dernière, je n’ai pas envoyé de newsletter. J’étais très occupé. J’ai déménagé, j’avais beaucoup de paperasse en retard, j’avais des bulbes à planter: Je n’ai pas trouvé le temps, je n’ai trouvé que des excuses. C’est un échec. Au mois de septembre, je me suis promis d’écrire une newsletter par semaine. Je m’y étais tenu jusque là.
En 2023, je suis retourné à Bruxelles. J’y ai vécu, il y a presque vingt ans, pendant juste une année. J’y ai suivi une compagne de jadis et j’y ai fait le service dans un restaurant, près du parlement européen. J’ai fini par rompre avec la compagne et avec le restaurant, et à retourner à Strasbourg. Cette année, j’y ai passé un weekend, et j’ai retrouvé les traces de mes souvenirs. Sur la terrasse d’un café de la place du Jeu de Balle, j’ai rouvert mes vieux emails.
Ce qui m’a surpris, en relisant les conversations du passé, c’est à quel point j’étais toujours le même. Je m’attendais à un changement, de profondeur sinon de style, mais je dois avouer que je ne l’ai pas trouvé. Sauf sur un point: Autrefois, j’étais dans l’abandon perpétuel.
Message après message, le thème récurrent de l’abandon apparaissait. J’étais dans le doute concernant ma relation, mon travail, mon futur. Je ne parlais que de changer, de partir, de tout quitter pour un hypothétique meilleur.
Aujourd’hui, j’ai changé. J’ai une famille, j’ai un travail. J’ai un ancrage dans ma ville et dans mon quartier. J’ai des responsabilités. Ce changement s’est fait chez moi avec le temps passé dans le jardin.
Au contact des plantes, quand on s’en occupe et qu’on en est responsable, on apprend à continuer. On découvre, avec la lenteur qui est propre au végétal, que les fruits de la persévérance méritent qu’on patiente. Le temps que met une plante à s’enraciner, à commencer, à s’implanter, est parfois désespérant. Mais à un moment, quand elle est prête, quand les conditions sont réunies, quand la fertilité, la chaleur, la lumière, les racines, les premières feuilles sont là, la plante s’épanouit. Comparé aux lassantes premières semaines, l’épanouissement ressemble à une explosion. Le végétal peut devenir énorme et porter des fruits aberrants. C’est le produit de la patience et des effets cumulés.
Et c’est important. La vie change quand on a compris cela. Il faut savoir patienter. Il faut savoir attendre de récolter les fruits, au lieu de s’en aller planter autre chose ailleurs.
C’est pour cela que je n’abandonne pas l’écriture de ma newsletter. Un seul faux pas ne suffit pas à justifier l’arrêt complet de ce projet. Il y vingt ans, à Bruxelles, j’aurais décidé que cet échec dans ma régularité aurait été une raison suffisante pour passer à autre chose. Aujourd’hui, je sais que j’aurais eu tort.
Persévérez, et vous pourrez soulever des montagnes.