Savoir où l’on va pour aller ailleurs

Hier, j’ai pris en photo une composition de pois de senteur et d’immortelle à bractées rose. Je ne sais pas pour vous, mais moi, ce n’est pas une chose que j’aurais toujours trouvé belle.

Le fait d’être agriculteur local satisfait mon goût pour l’aventure. Je ne peux pas me contenter de cultiver les fleurs qui me plaisent le plus. J’ai besoin de diversifier mon offre au fil de la saison. Tulipes et narcisses au début du printemps, renoncules et anémones ensuite. Dahlias et tournesols en été, puis asters, célosie, et beaucoup d’autres.

Ma vie est pleine de nouveautés, de surprises, de petites découvertes.

À l’origine, mon projet est de produire des légumes pour ceux qui m’entourent. Je veux travailler avec mon corps, dans la nature, pour donner du goût et de la santé à mes voisins. Mais le chemin vers ce but n’est pas simple. Aujourd’hui, je produis des micropousses et des fleurs. Il m’a fallu savoir m’adapter au terrain, aux conditions économiques, à un besoin de mobilité.

Si vous voulez entreprendre, il faudra que vous soyez dynamique. Le futur que vous vous rêvez n’existe pas, et quand bien même il existait, il vous ennuierait probablement une fois que vous l’aurez construit.

Pour garder le cap, prenez le temps de définir votre vision. N’y pensez pas seulement, mais écrivez la. Couchez sur le papier ce que vous voulez être, ce que vous voulez créer. Faites le souvent. Guidé par ce fil, vous saurez naviguer à travers les inévitables imprévus ; vous garderez la foi quand la déception vous attaquera; vous verrez la beauté dans ce que le destin vous imposera.

La dette d’être

Parfois, j’oublie que je suis libre.

Parfois, je parle avec quelqu’un, et je ressens un déséquilibre. C’est une situation que j’ai mis longtemps à comprendre et dont j’ai appris à me libérer, ce qui a beaucoup amélioré la qualité de ma vie. Je l’ai vécue avec des compagnes, avec des membres de ma famille, avec des amis, avec des collègues et des employés. C’est une chose qui n’est ni dite tout de go, ni consciente, ni assumée. C’est l’idée de la dette d’être.

Ce que j’ai compris depuis, c’est que certaines personnes pensent que vous leur devez quelque chose. Parfois, c’est parce qu’ils estiment qu’ils vous ont rendu un grand service, souvent, c’est simplement que c’est dans leur nature. Ils estiment que leur temps, que leur présence, que leurs idées, ont bien plus de valeur que les vôtres et surtout, ils considèrent que pour chaque minute de temps passé avec eux, vous leur devez une reconnaissance éternelle.

Auprès de ces gens, vous ne vous sentirez jamais assez bien. Vous aurez toujours l’impression de ne pas donner assez. Vous aurez beau faire des efforts pour comprendre, écouter, jamais vous n’aurez l’impression d’être vraiment apprécié.

Dans ma vie, pendant la trentaine, j’ai éliminé ces gens. J’ai mis une distance raisonnable entre eux et moi. J’ai rencontré une personne que j’ai épousée et qui me donne l’impression que quand je passe du temps avec elle, je lui apporte beaucoup, et elle m’apporte tout autant.

Et c’est là que la réalité est forte et belle. La pensée de la dette d’être est basée sur une vision du monde limitée. Quand on pense comme cela, si on prend quelque chose, on l’ôte à l’autre. Si on apprend quelque chose, quelqu’un le perd. Pourtant, c’est la nature des relations entre les hommes d’être bénéfiques à chacun. On ne prend pas la flamme de quelqu’un en y allumant sa bougie.

Quand vous semez une graine, qu’une plante pousse et que vous récoltez ses fruits, vous les disséminez tout en vous nourrissant. La plante veut vivre. Vous aussi.

Vous êtes libre. Vous avez toujours le droit de vous séparer de quelqu’un si vous ne voulez plus le voir. Vous pouvez dire oui, vous pouvez dire non. Ne sous-estimez pas la grande valeur de ce que vous perdez à entretenir ce genre de relation. Reprenez votre liberté, effacez cette dette d’être: Quittez les.